Montréal pour tous et Le Comité des Citoyens du MileEnd ont réussi à attirer 120 citoyens à leur soirée Cinéma hier soir au Théâtre Rialto.
La présentation du film de Carole Laganière a permis de regrouper des locataires, des résidants de coopératives d’habitation, des propriétaires résidentiels et des petits commerçants du MileEnd, du Plateau, de Ville-Marie, de Villeray et autres arrondissements.Le film campait très bien plusieurs situations tant positives que négatives liées à la hausse des valeurs des immeubles à Montréal, et en premier lieu celles de locataires expulsés sans respect des lois par des propriétaires affamés de profits expéditifs. Les échanges qui ont suivi ont mis en lumière plusieurs dimensions de la « gentrification » et des actions possibles :
-la hausse constante des valeurs des immeubles résidentiels et commerciaux affectent les propriétaires de résidences, leurs locataires ainsi que les commerces. Les impôts fonciers augmentent trop vite et les revenus des villes sont trop peu diversifiés. La spéculation vient accentuer cette montée, et avec des hausses excessives dans les quartiers les plus attrayants.
-les locataires ont des droits, que trop souvent ils ne connaissent pas ou peu, ils peuvent stopper l’intimidation et se défendre avec leur association de locataires de quartier, comme celle du Plateau-Mont-Royal. Ces associations exigent que la Régie soit plus efficace, que la Ville de Montréal et Québec vérifient si les raisons invoquées lors d’une demande de permis ont été réalisées. Par exemple les vérifications des transformations mentionnées ne se sont pas faites!
-les coopératives de logements devraient avoir un taux différent de taxes foncières, car elles ne peuvent et ne veulent pas vendre, donc elles n’engrangeront pas un profit au moment de la vente. Cela ne serait pas un précédent car les propriétaires de terres agricoles et forestières ont des exemptions fiscales de Québec. Ces coopératives permettent de faire pression à la baisse sur le prix des loyers.
-plusieurs petits commerces sont menacés. L’exemple de la famille Schiller qui continue d’acheter plusieurs commerces et de hausser fortement des loyers commerciaux a été donné par une commerçante qui anime un site Facebook « St-Viateur en péril ». Elle veut organiser une rencontre avec cette famille. Un citoyen de Ville-Marie a résumé la bataille perdue des résidents face à un propriétaire du Qatar qui a acheté le club Le Bourbon puis obtenu d’y construire une tour de 9 étages. Il n’y a aucune loi au Québec qui protège contre les hausses de loyer commercial ou contre un achat d’immeuble à fort prix. Bref la spéculation a le champ libre. Le Comité des Citoyens du MileEnd organisera bientôt une soirée publique sur la situation des petits commerces dans le quartier dont plusieurs partent ou ferment.
-la Ville de Montréal est en train de prendre position. Le conseiller du MileEnd et Président de la Commission du Développement économique et de l’Habitation, Richard Ryan a présente des priorités d’action envisagées par cette Commission : des demandes à Québec pour revoir la question des Airbnb qui s’étendent, l’exigence d’une inclusion d’un plus grand pourcentage de logements abordables et sociaux dans un grand projet d’habitation, du changement dans les baux commerciaux, des mesures pour limiter les immeubles vacants. Cela suppose que Québec accorde plus de pouvoirs à Montréal. Il a ajouté qu’il ne voit pas de solutions actuellement à la forte hausse des valeurs dans les quartiers les plus attrayants.
-l’appel de Montréal pour tous pour la création d’un comité d’action vis-à-vis Québec a été bien entendu, plusieurs personnes ont donné leur nom. Ce comité va demander au Ministre des Affaires municipales du Québec plusieurs changements : -une nette amélioration du « Programme québécois de Subvention aux aînés face aux augmentations des taxes foncières », en intégrant des barèmes actualisés et un accès pour les gens de tout âge; l’instauration d’une surtaxe à la revente rapide de propriétés résidentielles, comme à Paris et d’une surtaxe pour les acheteurs étrangers, comme à Vancouver et Toronto; une mise à jour de l’évaluation foncière des compagnies de chemin de fer et des cours de triage qui profitent depuis 1992 d’un « rabais » de 40% non justifié et l’annulation par Québec de ce rabais; un meilleur partage des revenus de la taxe de vente du Québec (TVQ) afin que des revenus autres que ceux provenant des taxes foncières et des tarifs pour des services soient accessibles aux municipalités; ou tout autre forme de revenu venant de Québec.