OPINION d’un citoyen du quartier HOCHELAGA-MAISONNEUVE
Un problème complexe, pas de solutions faciles mais la Ville doit s’activer dans le budget 2017 en discussion.
« Je participe à l’embourgeoisement de mon quartier, chaque jour, simplement en l’habitant
Sébastien Sinclair Maîtrise en science politique à l’UQAM
On entend beaucoup parler des actes de vandalisme qui se produisent depuis quelque temps dans certains quartiers qui tendent à l’embourgeoisement, notamment Hochelaga-Maisonneuve et Saint-Henri.
On entend les propriétaires de commerces, surtout, qui viennent nous expliquer qu’ils sont de bonne foi, remplis de bonnes intentions, qu’ils aiment leur quartier, qu’ils habitent souvent, qu’ils souhaitent voir se développer, pour tous, avec tous, et pour le mieux.
Je les crois la plupart du temps. Le problème n’est pas là. Même s’ils sont animés des meilleures intentions, on ne peut nier la réalité. Qu’est-elle, cette réalité ? Que l’embourgeoisement existe. Que les condos poussent vertigineusement, plus rapidement que les logements locatifs, les coopératives et les HLM mis ensemble. Que les loyers, commerciaux et locatifs, augmentent, inlassablement. Que les pauvres, parce que c’est bien de ça qu’on parle, doivent déménager.
Leurs restos ont fermé, leurs magasins de linge aussi. Ils ne trouvent plus de loyers qu’ils peuvent se payer et doivent partir.
Partir… c’est si simple pour la plupart, jeunes gens dynamiques que nous sommes. On se fait vite à un nouvel environnement. Ce n’est pas le cas de tous. Partir, ça peut être dur…
C’est de la violence, ça aussi. Forcer des gens à quitter leur milieu de vie, celui qui les a vus naître, grandir, dépérir aussi, souvent. C’est de la violence soft, vous me direz, on ne la voit pas beaucoup. Ce n’est pas parce qu’une famille pleure à cinq dans un 4 ½ à Longueuil et qu’on ne la voit pas à la télé que cela est moins triste, moins grave et moins violent. C’est aussi de la violence. Perdre ses amis, pour un enfant qui n’a déjà pas grand-chose, c’est pas super cool, au moins autant que d’avoir à laver de la peinture dans ses fenêtres un lundi matin, à mon avis.
Mais là où ça se complique, c’est quand on se demande à qui est la faute. Je suis en partie responsable de l’embourgeoisement de mon quartier. (mis en italique par PPagé)
Il y a 15 ans, quand je suis arrivé dans Hochelaga, il y avait un « crackhouse » dans l’appartement à côté. C’était crade et pas terrible comme ambiance.
Aujourd’hui, j’habite en coopérative avec des gens super, j’adore le café au coin de ma rue, la boulangerie, la fruiterie et le boucher. Ce sont tous des trucs qui découlent directement de l’embourgeoisement du quartier auquel je participe, chaque jour, simplement en l’habitant. Que devrais-je faire ? Déménager ? J’ai grandi dans Centre-Sud et ça fait 15 ans que je suis là, c’est chez nous ! Cesser d’aller au café ? À la boulangerie ? Je ne sais pas…
Et là, ça se complique encore quand on parle des actes de vandalisme. Est-ce que briser les vitres d’un petit resto de quartier ou d’une épicerie vegan est une solution ? Est-ce que ça sert à quelque chose ? Est-ce que c’est justifiable ? Je ne sais pas, mais selon vous, c’est quoi, la solution ?
Vous allez me parler de politique municipale, de conciliation et de synergie ! Toutefois, il me semble tout à fait légitime de mettre en question, notamment à la suite des révélations de la commission Charbonneau, la volonté et l’intérêt réel des acteurs du monde municipal pour les problèmes sociaux que vivent un grand nombre de nos concitoyens.
Il peut sembler à plusieurs, peut-être trop cyniques me direz-vous, que les rares élus qui souhaitent réellement faire quelque chose ne peuvent, en fait, pas faire grand-chose… et qu’entre les pauvres et les développeurs immobiliers férus de revitalisation, il y a les taxes municipales, les contrats, le financement des partis politiques, l’appartenance de groupe, la culture et le golf… « Entre toi pis moi pis des développeurs… il y a des condos. Donc, c’est compliqué. »
Je comprends les petits commerçants d’être en colère. Ils font ce qu’ils pensent juste pour eux, pour leur famille, pour le quartier et pour les gens. Je comprends aussi ces gens qui perdent leur appartement, leur milieu de vie, leurs amis et qui ne savent simplement plus quoi faire.
Des fois, il faut que ça sorte. Ça ne sort peut-être pas de la bonne manière aux yeux de plusieurs, n’empêche…
Je ne crois pas qu’il y ait de réponse facile, tant celle qui consiste à s’attaquer aux petits commerces – bien que nous n’ayons pas entendu autant parler d’embourgeoisement que depuis que ça a commencé, cette histoire-là – que celle de la répression policière tous azimuts ou encore celle consistant à élaborer une politique synergique de conciliation multisectorielle visant l’insertion foisonnante des forces actives ne nous mènera, seule, à bon port. »
Montréal pour tous vous suggère de venir à l’hôtel-de-ville le mercredi 14 décembre à 14h00 pour que les élus prenent conscience de l’urgence de ces problèmes.
Non, non et encore non. le vandalisme n’est jamais acceptable point., Pas d’excuse rien niet. Je suis né dans Hochelaga-Maisonneuve et cela à une l’époque bien plus lointaine ou il était encore bien plus difficile d’y vivre. J’ai grandi en famille d’accueil barouetté d’un bord et de l’autre. On était pauvre, on ne mangeait pas à notre faim, nous étions 10 dans un logement et 4 enfants par chambre. Bref c’était dur. Chose certaine, on se s’est jamais senti et perçu comme des victime et jamais ils ne nous seraient venue à l’idée de vandaliser qui que ce soit. Mais dans ce cas précis qu’on fasse porter le fardeau de l’embourgeoisement à des gens qui sont souvent eux-même pas très riche c’est non seulement viser les mauvaise personnes mais c’est un affront aux personnes qui comme moi, ne se sentent pas comme des victime et qui sont aussi conscientes qu’elles sont seules maîtres de leur destinés!
Merci de votre important commentaire. Le sens des articles mentionnés selon nous est le suivant et c’est pourquoi nous les avons publié. Le vandalisme n’est pas du tout une solution, loin de là. Mais il révèle un problème très actuel dans les grandes métropoles: les gens à bas revenus ou ceux qui n’ont pas des revenus fixes ou des revenus qui n’augmentent pas, n’arrivent plus à payer leur loyer ou à payer leurs taxes foncières qui augmentent d’année en année. Ils sont forcés de quitter leur milieu de vie.